21 Jan La connaissance – TEDx

En janvier dernier j’étais à Vancouver avec un groupe d’experts pour une phase de recherche fondamentale. Ce qui était attendu d’eux : partager et développer la connaissance. J’ai eu la chance d’observer les mécanismes de leur créativité individuelle et collective. J’en retire des constats tellement simples que vous ferez la file à la sortie pour me dire : « je l’ai toujours su. » [Court silence.] Mon nom est Rémi et je suis venu vous dire que vous ne vous faites pas confiance.

Dans un contexte de recherche pure, deux types de connaissance sont à l’œuvre. Le premier type inclut les techniques, les formes, la mémoire des publics et de leur façon de réagir. C’est un formidable bac à outils sur lequel repose la pratique de votre métier. C’est à lui qu’on doit de savoir construire une histoire, une séquence, un spectacle.

Le deuxième type est une connaissance de soi en tant que chercheur, découvreuse, créateur-ice et vecteur d’invention. Il contient tout le répertoire de ce qui stimule, chatouille, agace, galvanise, sidère, fascine, illumine, rivette, disloque, aplatit, aplanit, remet d’équerre, visse au plancher, scie les deux jambes, rend les mains moites, provoque la perte de cheveux, le grisonnement, le grincement de dents et le changement de métier. [Silence moyen.] Ce savoir en forme de longue liste perpétuellement ratifiée agit comme une sentinelle qui permet la reconnaissance de ce qui chez soi ouvre ou ferme la créativité.

Et cette connaissance n’est pas de moindre importance. Un ami physicien me confiait la semaine dernière qu’il trouvait la théorie des cordes fondamentalement séduisante. « Sans cette attraction je ne serais pas sensible, disait-il, au charme des particules, pas ouvert à la sérendipité. Je perdrait toute curiosité : un chercheur mort. » Voyez avec quelle gravité la connaissance du deuxième type agit!

Concrètement, qu’est-ce que ça veut dire? [Long silence.] Ça veut dire que chaque fois que vous omettez d’impliquer votre connaissance de vous même dans la création, c’est tout votre domaine de recherche qui se retrouve amputé de la moitié de sa puissance scientifique. En tant que spécialistes, vous avez le devoir de mettre à contribution votre personne entière, le droit de vous faire confiance. Merci.

– Rémi, Conférencier motivateur

remi.motivateur@sympatico.ca