L’oeuf

Ou la poule, bien sûr.

Eh bien je réponds : l’œuf. D’abord parce que la poule est très difficile à manipuler. Mais surtout, parce qu’en tant qu’animal, donc objet figuratif, elle est plus marionnette qu’objet.

L’œuf, donc.

Principe créateur. Début du monde. De la vie. Bébé, donc.

J’entre sur scène. Un œuf dans mes bras. Que je berce. Je le montre fièrement aux spectateurs : « Oh, comme il est mignon ! » Délicatement je le pose sur la table, devant les spectateurs. Je le redresse doucement et l’encourage à marcher. Je le lâche (doucement). Il roule sur le côté. Difficile, l’équilibre ! Difficile de se tenir debout (pour un œuf). On recommence. Hop. Il roule sur le côté… Tous les spectateurs espèrent avec lui, l’encouragent (secrètement). Ils savent qu’il n’y arrivera pas, mais hé, c’est ça l’histoire.

Puis, l’autre manipulateur entre. Regarde le bébé (pardon, l’œuf) froidement. L’écrase violemment. L’œuf éclate. Je suis estomaqué. La foule est carrément horrifiée. Certains ne peuvent réprimer un cri.

Empathie. Catharsis instantanée.

Nous sommes passés du côté de l’irrévocable, la fiction et la réalité ont fusionné.

Violemment.

Il aura suffi de quelques secondes seulement pour qu’une centaine de personnes s’attachent à ce petit être.

Quelques secondes !

Essayez avec une poule…

Essayez avec un acteur …

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