Chère Madame,
Nous avons bien reçu votre missive et nous comprenons votre désarroi.
Pour répondre assez crûment à votre question : non, ce n’est pas la première fois qu’on nous rapporte des comportements étranges après le contact avec le théâtre d’objets. Les plus anciens de l’équipe ont souvenir d’une spectatrice qui se promenait dans le métro avec son marteau en lui caressant les cheveux; la police avait dû s’en mêler, les voyageurs étant vaguement inquiets de voir un tel instrument ainsi adoré. Aussi, une mère nous a contactés dans le passé pour nous parler d’un enfant qui faisait maintenant sa prière avant de manger des jujubes. Et bien sûr, la tournée de Persée a laissé partout dans son sillage des entonnoirs illégitimes, traités comme de précieux enfants par certains, incompris par l’ensemble de la communauté.
Donc, l’histoire que vous me racontez ne m’étonne pas outre mesure, mais je comprends que le quotidien avec un conjoint qui arrête le café du jour au lendemain peut être assez lourd.
Avez-vous pensé de lui faire le coup du sucre?
C’est très simple. Sucrez tout! Tous les autres liquides qu’il boit! Tout! Colonisez sa salive de sucre, envahissez ses papilles.
Par expérience, de deux choses l’une : ou bien il va tellement être écœuré qu’il va revenir au café en constatant que c’est la seule chose qu’il peut boire sans ce persistant arrière-goût de glucide; ou, si ça ne le fait pas reculer, autant de C12H22O11 devrait lui servir de béquille pendant qu’il finit son sevrage de caféine.
Je vous souhaite la meilleure des chances dans cette épreuve. Faites savoir à vos amis que c’est bien vrai que le théâtre change des vies!