La boîte à lunch

Vous pensez que je suis le symbole du labeur en série, le signifiant des jours de semaine en tout point pareils les uns aux autres, la mallette de celui qui n’en a pas, du travailleur à l’usine, sur un chantier, à la mine. Ou de l’écolier attablé, enchaîné à sa routine.

Bon appétit, mon p’tit loup! Croque tout ça à belles dents!

Vous pensez que je suis l’humble symbole de la Révolution industrielle, que je sers à trimbaler les hordes annuelles de sandwichs au jambon, depuis qu’on s’est mis à dévaloriser la nourriture faite main parce que le pain blanc tranché apparaissait alors comme un signe de richesse et d’évolution.

Courage pour ta journée. Bientôt, la fin de semaine.

C’est faux. Je suis une promesse. Je suis le fantasme en puissance. La forme parfaite. Je mets la table à tous les possibles, à un festin pour l’imaginaire. Quand le déclic des attaches métalliques se fait entendre, c’est la déflagration de tous les désirs imaginables qui explose.

À ce soir, pour d’autres douceurs.

Je ne suis pas le quotidien. Je suis Éros mis en boîte. Le défi, c’est de tout faire entrer.

N’y avait plus de place pour le dessert. J’ai opté pour une alternative extensible. Tire sur cette perche télescopique, elle te mènera à une planète plus sucrée.  

On rameute parfois toute une équipe d’ingénieurs industriels pour parvenir à trouver l’assemblage parfait des chambres closes qui me remplissent l’intérieur. C’est un jeu d’échelles, mais aussi de serpents. Ou pire encore.  

Ceci n’est pas un lunch. C’est l’antre de la méduse.

Le risque, c’est de ne jamais en revenir. Et quand l’heure du coucher arrive, la boîte n’est pas toujours complètement refermée…   

Coucou, mon trésor. Dans ce Ziploc, ce ne sont pas des carottes, mais des stalactites aux visages pétrifiés par l’horreur. Bon dîner.

Ma version papier, plus bancale, est aussi plus sécuritaire. Du moins, elle offre une option si son contenu vous fait perdre la tête et que vous hyperventilez.

 

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