Alice traversait un miroir, mais on ne connaît personne qui voudrait traverser une boule miroir. On sait d’avance qu’il n’y a rien d’autre qu’un autre miroir de l’autre côté. Et que risquons-nous de croiser en son centre? Peut-être un rythme fantôme, quelque chose comme une ligne de basse qui se serait réfugiée là après une soirée de décibels et qui donnerait à la boule miroir un petit espoir d’être en vie. Un battement synthétique.
La boule miroir est étonnante, mais contrairement au miroir, elle n’est jamais inquiétante. Peut-être parce que la boule miroir est davantage un élément de lumière, un soleil artificiel. Là où le miroir avale, la boule miroir projette.
Elle n’en reste pas moins mystérieuse. Danse, fête, légèreté de nuits révolues. Œil de mouche, ruche sans miel, parcelles. La boule miroir est un outil de fragmentation massive.
Quand l’œil de la caméra dans Villes, collection particulière focalise sur une alvéole pour y refléter quelque chose qui ressemble à l’intérieur vieillot et paisible d’une maison de poupée, la tension entre les deux côtés du monde devient palpable. Quelque part entre la discothèque et la boîte à musique, les cases-miroirs emmagasinent nos soupirs.