Un professeur sentencieux et un metteur en scène connu entrent dans la salle de théâtre,
s’installent. Enfin ils vont pouvoir assister à cette fameuse prestation :
Ubu sur la…
Pas de décor!
Des ramassis, des débris jonchent les tables!
Horreur! Misère! Ils vont jouer avec ces affaires!
Sont-ce des simples d’esprit?
Fuir? Oui, il en est encore temps… non, trop tard :
Les deux saltimbanques s’activent et ils s’adressent directement à l’auditoire, ces mufles!
S’élance en scène, Mère Ubu!
Une lavette dégarnie comme protagoniste du récit ?
Que l’on qualifie ailleurs, d’ailleurs, de brosse à chiotte!
Une lavette coquette qui cherche à fuir sa roture,
l’odeur de friture qui lui colle à la chevelure
Elle crie, couine,
gigue, danse, glisse
Et se déglingue la gueule
Ma foi, cette échevelée ne cherche que le gag!
Ce ne sont que des facéties.
DING!
Un combat s’engage,
Elle s’attaque à l’acteur.
C’est dingue!
POUF!
TOUF!
CROUP!
Elle a le diable au corps.
Elle mord la main qui la tient,
Coup de savate, coup de Jarnac,
L’acteur est au carreau.
Elle s’envole, s’enfuit
Fière, pardi! d’avoir su, à grands coups de pitrerie,
Se défaire de ce qui la clouait au sol, l’attachait à la terre.
Ce n’est plus une lavette,
c’est une guerrière!
À force de courage et de ruse
Elle a su s’élever
au-dessus de sa condition de roturière.
Mouin.
Et maintenant, elle vole, n’en déplaise au deux spectateurs qui grimacent
De voir ainsi que l’on s’attaque aux conventions du réalisme.
Eh bien non, personne ne lui fera cesser « ses facéties… »
Elle s’efface ici.