MON HISTOIRE - Été 1998
Je questionne ici mon travail qui est théâtre et masques, marionnettes, objets et musique.
Il est aussi question d’histoires, de mes histoires, qui proviennent d’un voyage que j’ai fait avec mon père à l’âge de treize ans. Mon père devait emmener trois millions et demi de marks à un camps de réfugiés près de Prague. C’était en avril 1945. En Allemagne, les voyages en trains et voitures étaient à peu près impraticables. Nous avons pris des bicyclettes. Et nous avons pédalé vers le sud. De Berlin, via Dresden jusqu’à Prague à travers l‘étroit corridor qui n’avait pas encore atteint par les Américains et les Russes.
CONFESSIONS D'UN MARIONNETTISTE
On me connaît comme marionnettiste
Un conteur de contes de fées
Mais j’ai fait des histoires pour les adultes – non ?
J’ai collectionné des contes de fées
Jusqu’à remplir plus de trois mètres d’étagères
Des années plus tard, j’ai commencé à écrire
J’ai réalisé que j’étais tombé dans mes propres contes de fées
J’avais besoin d’écrire sur la grosse guerre qui avait rugi et pris fin
Qu’est ce que sont mes histoires ?
En tant qu’histoires, sont-elles trop fantastiques ?
Mais en tant que contes de fées…
Pourtant, je les ai vécues n’est-ce pas ?
Pourquoi les marionnettes ?
Mes histoires n’ont pas d’émotions,
Les marionnettes n’ont pas d’émotions
J’ai commencé à monter des pièces :
J’ai réalisé qu’elles transportaient toutes une parcelle de mon conte de fées
J’ai considéré mon conte de fées autrement,
J’y ai trouvé des actions fascinantes
Des images ahurissantes,
Mais je n’ai eu aucun souvenir des émotions,
Les émotions n’en faisaient simplement pas partie
J’ai commencé à ressasser mes performances et je les ai fouillées.
Et je les ai décortiquées
Les comment et les pourquoi !
Y avait-il une connexion entre les marionnettes et mes histoires ?
Quelle était l’importance des formes, des couleurs, des attitudes
Et, ah ! les rituels !
MASKS
I need to imbalance a mask -
cut the symmetry -
I have to im-unperfect it -
abstract it perhaps -
to let performer and spectator re-find the balance -
the search for perfection?
-
fracturing ? ?
what I DO NEED is the focal point, that leads the mask.
IMAGE
you use text (of a play) only as guideline
scenes are set as images
text is read over it
you set an image that you move
you don't move an image
you set an image and move it
than (perhaps) you move the play and perhaps bring it into an image
AH LES ÉMOTIONS
J’ai trouvé une façon de gérer toutes les émotions.
Je les ignore, je les contourne.
Si je marche littéralement en périphérie des émotions, que je les empile, que j’esquisse un rituel ; Si je fais un geste ritualisé, le spectateur, l’auditoire veut s’en rapprocher. L’esprit curieux veut se joindre au processus, il veut participer au développement et cherche à sauter directement au centre.
C’est le genre de questions qui me préoccupe. Ces questions initient un processus. Elles provoquent des constellations d’images qui elles, font ressurgir parfois de ces émotions.
J’étais trop traumatisé pour ressentir quand j’étais enfant.
JOURNAL : DE BAGHIRA À AKA VON KEPNEKAISE
Nous avons commencé à parler de Kipling et de nos influences littéraires.
Et nous avons comparé: Ma femme avait connu Kipling en bandes dessinées quand elle était petite, et moi, avec ma sœur, pendant les bombardements sur Berlin…
On se réfugiait dans un abri au sous-sol. Et ma soeur aînée nous lisait, à nous et aux enfants du voisinage (nous étions à peu près 10 ou 12 la plupart des nuits), l’histoire de Mowgli et de Baghira la panthère: Ça nous rassurait d’être regroupés près d’elle. On portait des casques de l’armée, reproductions en carton. Et on l’écoutait. Quand les Alliés larguaient leurs bombes sur Berlin, nous, les enfants, on écoutait les histoires de Rudyard Kipling. Les histoires du magnifique Mowgli. On écoutiait aussi, Selma Lagerloef. L’ oie sauvage de Niels Holgerson : Aka von Kepnekaise était ma préférée et j’adorais son nom. On écoutait : le dernier des Mohicans de Cooper et aussi : les histoires d’Edgar Allan Poe.
Je me souviens d’une histoire particulièrement étrange. Deux enfants, probablement frère et soeur devaient monter en haut d’une tour, en tâtonnant, dans une noirceur totale. Un orage faisait rage. Alors qu’ils étaient sur la dernière marche à un pas de tomber dans l’abysse devant eux, un éclair déchira le ciel. À ce moment, le building entier trembla. Les poches de sable devant la fenêtre se déplacèrent: Les premières bombes avaient atteint notre rue pas très loin.
I do not like theatre
I experience theatre as voyeuristic,
theatre is Ego, characters emote and parade for a similarly inclined audience;
comes close to sex with children
It does not enlighten, gives me no sense of distance.
Everybody seems to know how to play a love scene. I don't.
So let's explore an exercise: "let's do it the wrong way"
I place processes one aside the other without any real connection, even a mental one;
Visual ones next to sound and speech/text processes/proceedings (as if speech wasn’t sound! Ha!) Every piece (or process) exists “by itself” But for me it takes more,
“This inherent sense of the totemic object” It is the qualitative function
of each part that interests me.
For example: taking the story of Red Riding Hood in its original simple fairy tale form, I’d add a background of the moved film projection of a burning Berlin of 1945, leaving this combination open for conclusions. (Without having in any form engaged in either one of the two processes).
So, there! The medium is the message!
REFLEXION
All the puppeteers I have worked with so far secretly wanted to be comedians. So in order to work with them I put a red velvet curtain somewhere in the show. That regularly helps. My puppets are as much tools, as a set, an object or the body of a performer are. Even a story is just a vehicle to pursue an idea, a concept. Unfortunately in talks/meetings with puppeteers this approach doesn’t fly too well. When I talk to theatre colleagues the approach doesn’t fly either. I am always surprised that the audience doesn’t have such problems. They fly with it.
DO I HATE PUPPETS? - January 10, 1999
The question occurs again and again, why puppets?
First gut reaction/response is generally a process of elimination: I really do not like puppets. First of all it is puppeteers who choose puppets to hide behind screens and twiddle and dabble on strings and other deviating details, and all to make you hide, to not have to face anything.... Oh no, you don’t want me to play in front of people.
Yeah, long years ago I built puppets, any kind of puppet, string, rod, shadow, hand; you name it: but then what.
Sure it is intriguing to figure out a “mechanique”. But I want to play with and around the stuff; the demonstration of the objects, no rather the objects becoming the excuse to demonstrate, not using the object “ in place of”, that interests me. I can mimic the character, while I demonstrate the creation, yet at the same time I also can comment on everything I do, visually, physically and often verbally.
So do I like puppets? Well, still no. They have to be formed to deserve the title puppet, bunt I want forms, rather SHAPES, that allow me to form a character with or around it, without limiting me with a given visual limitation. I want a possibility, not a finished, in the sense of closed, form.
L'ANTI-RÈGLE
La véritable anti règle, c’est moi. Toujours en opposition.
Tout le monde semble savoir comment jouer une scène d’amour. Pas moi.
Explorons un exercice: “faisons la de la mauvaise façon”. (Cela s’avère beaucoup plus intéressant à mon avis)
Dans Happy End, nous avions seulement trois manipulateurs : comment faire avec la scène où les seize personnages doivent être présents en même temps ? Facile ! Un seul manipulateur fait la scène et les deux autres le chronomètrent. Une telle décision demandait des marionnettes autoportantes. Elle a influencé l’entière production. J’ai décidé de les faire en sono tubes… C’est moins cher.
Citations que j’aime: “On ne met pas un masque à un chanteur d’opéra, on ne l’entend pas si on ne voit pas son visage !”
Ma réponse: Tourne toi, mets un masque derrière ta tête et place un wok devant ton visage. Chantes dans le wok et le son sera projeté à l’avant (et le modifiera aussi). La proposition a été malheureusement rejetée dans une tempête de protestations.
LA BOîTE À JOUJOUX, 1972
DE LA MANIPULATION DE DIEU, 1975
HAPPY END, 1981
ANTIGONE, 1984
UNE SOIRÉE VIAN, 1994
SHORELINES, 2000
CHAUFFE-O, 2001